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La grande histoire du Village minier de Bourlamaque


Par Kristel Aubé-Cloutier
Publié le 22 mars 2017
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En 1934, la mine Lamaque débute sa mise en production. La compagnie minière Lamaque Gold Mines Limited, responsable et propriétaire du projet minier, fait alors construire à proximité le Village minier de Bourlamaque afin d’y loger ses travailleurs et leur famille. Courage, innovation, travail et ordre sont au cœur de la création et l’histoire de ce village. Au total, environ 80 bâtiments y sont construits dont 68 maisons unifamiliales en bois rond de 1934 à 1935. Débute alors la grande histoire d’un petit village.

La compagnie minière n’a pas fait les choses à moitié; elle a construit une petite ville bien droite avec un court de tennis, un hôtel (1936) un théâtre (1937) avec, dès 1935, un réseau d’aqueduc et d’électricité. On surnommait d’ailleurs le village « le petit Westmount du Nord ». Comme vous pouvez vous en douter, tout cela nécessite des fonds très importants et peu de mines en Abitibi étaient assez riches et puissantes pour construire une ville de cette taille. En fait, une seule autre mine en Abitibi l’a fait : la minière Horne à Noranda (c’est peut-être de là que découle le fameux esprit de compétition entre les deux villes. Qui sait…)!

Pour compléter la construction de cette petite ville si structurée et moderne (n’oublions pas qu’on est en 1934-1935!) en seulement deux ans, la compagnie a engagé une foule de professionnels : arpenteurs, architectes, ingénieurs et entrepreneurs. Ceux-ci ont été très innovateurs à travers le choix de matériaux utilisés à la construction des maisonnettes. Plutôt que de brûler les épinettes grises et blanches qu’ils venaient de couper pour défricher le site de la future ville comme il était généralement fait, ils ont choisi de les dépouiller de leur écorce pour en faire des billes de bois faisant office de murs. En plus d’être économique, cette solution se voulait plus pratique au niveau du transport. Il était très long et coûteux de faire venir des matériaux et de l’équipement des grands centres, puisqu’il n’y avait aucune route pour s’y rendre. Il fallait donc faire transporter la marchandise en train jusqu’à Amos, puis par bateau de la rivière Harricana jusqu’au lac Blouin pour ensuite la transporter sur des routes de fortune en carriole ou traineau à chien. Et dire qu’on se plaint maintenant parfois que la traversée de la réserve faunique La Vérendrye, c’est long!

Le Village-minier-de-Bourlamaque en 1935, encore en chantier. Photo | Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or, Fonds Herby Goyette

Pour le meilleur et pour le pire

Habiter dans le Village minier de Bourlamaque représentait pour un mineur et sa famille un genre d’union avec la compagnie minière pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur? Une maison louée pour seulement 50 $ par année, incluant l’eau, l’électricité, le téléphone et l’entretien paysagé, des services de santé (un dispensaire se trouvait à même le village) et la proximité entre la maison et le travail. La Lamaque Gold Mines Limited a aussi collaboré à la construction d’un bloc commercial (le Commercial Block abritait une épicerie, une banque, une salle de billard et de quilles et le Community Hall), d’un cinéma, les écoles catholique et protestante en plus d’un hôtel chic (Hôtel Coulson qui est devenue l’Hôtel Bourlamaque) pour y danser la valse et le fox-trot.

M. John C. Perry, premier Maire de Bourlamaque et gérant de la mine

Le pire? Le village était à l’époque une ville fermée signifiant qu’elle fût construite et donc gérée par la compagnie minière. La Lamaque Gold mines Limited était alors responsable des règlements de la ville et ne s’est pas gêné pour en établir plusieurs autres afin de conserver l’ordre et la stabilité digne du moine bouddhiste! Le conseil de ville était aussi composé pour la majorité d’employés et de hauts dirigeants de la mine, avec à sa tête comme maire M. John C. Perry (de 1935 à 1944), le gérant de la mine. La minière contrôlait donc le village complet dans ses moindres détails comme la présence de chiens errants ou encore le ramonage des cheminées!

Ainsi, les maisons de jeux et de débauche, les jeux de hasard ainsi que la vente et la consommation d’alcool sont tous contrôlés, voire interdits pour la plupart! Il y avait néanmoins des « p’tits bums » dans le village qui ont trouvé quelques façons de contourner ces règlements. Vous pouvez découvrir le côté illicite de Bourlamaque lors de la visite de l’exposition « Chez nous à Bourlamaque », situé dans la maison historique au 123, avenue Perrault (la remise est consacrée uniquement aux voyous, leurs tours de passe-passe, activités louches et interdites).

Le cabanon de la maison historique qui présente l’exposition “Chez nous à Bourlamaque”. Pour découvrir les activités illicites qui avaient lieu dans le village, il faut observer, fouiller et toucher. Bref, tout ce qu’il ne faut généralement pas faire dans une exposition 🙂

Malgré le côté contrôleur et rabat-joie au niveau de la débandade qui caractérisait le village, celui-ci (j’y inclus tous ceux qui l’ont formé, constitué et habité) il a toujours porté le sceau de l’innovation. Bon, nous avons soulevé les matériaux audacieux utilisés à la construction des maisons, mais voyons maintenant son processus pour le conserver. En 1965, le Conseil municipal de Bourlamaque s’est doté d’un règlement visant la rénovation, l’agrandissement ou les altérations apportées aux maisons. Deux ans après la fusion de Bourlamaque avec la Ville de Val-d’Or (1968), la Commission d’urbanisme de Val-d’Or et le Conseil municipal s’est repenché sur la question de conservation. La Chambre de commerce s’est aussi grandement impliquée dans le dossier chargeant M. Rosaire Lévesque de monter un dossier afin de présenter une demande officielle à la Commission des biens culturels du Québec. En 1979, le Village minier de Bourlamaque a finalement été nommé site historique. Pourtant, le village n’avait que 39 ans à l’époque où la demande a été remise, soit en 1973. Afin que celui-ci reçoive ses lettres de noblesse de p’tit vieux important, il a donc fallu repenser les critères d’un site historique et voir la demande avec un œil visionnaire et innovateur.

La Cité de l’Or / Corporation du Village minier de Bourlamaque, qui prend en charge le village et la mine, a fait preuve de beaucoup d’innovation aussi. Avec l’élaboration d’un plan de développement débuté en 2008, l’organisme s’est assuré de restaurer les bâtiments de l’ancienne mine Lamaque. Ce lieu a d’ailleurs été nommé site historique seulement qu’en 2010! Malgré son caractère historique et l’importance accordée à la conservation des deux sites, la Cité de l’Or ne cesse d’avoir une vision portée sur l’avenir afin de toujours mieux informer les visiteurs, offrir une expérience touristique unique et s’adapter aux nouvelles technologies. Elle le fait avec brio même si ces deux mandats sont, dans leur essence même, loin l’un de l’autre.

La Cité de l’or présente l’exposition “De l’or plein les veines”, une exposition interactive utilisant la technologie pour vous faire découvrir l’histoire de la mine et de ses travailleurs ainsi que différents corps de métiers s’y rattachant.

En plus de faire partie intégrante de l’histoire de Val-d’Or, le Village minier de Bourlamaque fait partie intégrante du paysage touristique et communautaire de la ville. À travers les nombreux évènements et festivals qui y prennent place tel que le Festival d’humour de l’Abitibi-Témiscamingue, l’Hiver en fête ou la Micro-course du Prospecteur, La Cité de l’Or est un lieu de rassemblement de la communauté valdorienne et témiscabitibienne. Par les nombreuses informations qu’on y reçoit, son authenticité et son unicité, la Cité de l’Or est aussi devenue un incontournable pour les visiteurs intéressés par l’histoire et l’industrie minière au Québec. Il va sans dire que visiter le Village-minier-de-Bourlamaque et l’Ancienne-mine-Lamaque, c’est aller à la rencontre d’une communauté en plus de faire un voyage dans le temps et découvrir un pan de l’histoire du Québec et de l’industrie minière.

Comment en savoir plus sur l’histoire du Village minier de Bourlamaque, l’ancienne mine Lamaque et Val-d’Or

La Cité de l’Or offre de nombreuses activités pour vous faire découvrir les sites historiques de l’Ancienne-mine-Lamaque et celui du Village-minier-de-Bourlamaque; visite des bâtiments de l’ancienne mine tels que le laboratoire, la sécherie, la salle de treuil et le chevalement en plus des galeries souterraines à 300 pieds sous terre. L’exposition permanente « De l’or plein les veines » vous attend aussi dans le bâtiment principal afin de vous faire découvrir l’histoire de la mine et de ses travailleurs ainsi que différents corps de métiers s’y rattachant. Vous aurez l’opportunité d’en apprendre davantage sur le village minier grâce à l’exposition permanente « Chez nous à Bourlamaque » prenant lieu dans une des maisons en bois rond, mais aussi avec l’audioguide « Radio Bourlamaque ». Puis, transformez-vous en prospecteur le temps de compléter le rallye de géocaching « Chasse alors! ».

Vous pouvez aussi en apprendre davantage sur le Village minier de Bourlamaque, mais aussi sur l’histoire de la Ville grâce au circuit Héritage Val-d’Or. Une carte du circuit est disponible gratuitement à notre bureau d’information touristique. Puis, découvrez une histoire architecturale d’innovation grâce à l’application Val-d’Or moderne, créée par le Centre d’exposition de Val-d’Or.

Lors de la visite du laboratoire, vous assisterez à une véritable fusion d’or.
Prenant place dans un décor typique des années ’40, l’exposition “Chez nous à Bourlamaque” traite notamment des défis sociaux dont les mineurs et leur famille faisaient face en habitant au village.
Rallye de géocaching “Chasse Alors!“

Sources

  • CHABOT, Denys. (2009). « Le Village minier de Bourlamaque ». Ministère de la Culture, des communications et de la Condition féminine.
  • CHABOT, Denys. (2009). « Val-d’Or ». La Société d’histoire et de généalogie de Val-d’Or.
  • TRÉPANIER, Paul (2011). « L’Architecture de Val-d’Or; 75 ans d’avant-garde ». Centre d’exposition de Val-d’Or



Par Kristel Aubé-Cloutier
Publié le 22 mars 2017
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Catégories: HistoireCulture

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